Imane est musulmane, Ginesse est un étudiant catholique et le père Albert est prêtre dans le diocèse d´Oran depuis plus de 50 ans. Tous vivent la béatification des 19 martyrs d´Algérie comme un moment exceptionnel pour l´Eglise et pour le pays. Ces témoins les invitent à vivre davantage fraternellement entre chrétiens et musulmans en Algérie.

À quelques heures du début des célébrations, les proches des 19 futurs Bienheureux sont arrivés à Oran. Sur les traces de leurs aïeux, ils ont commencé par découvrir la ville avant de rejoindre la cathédrale pour la veillée ce vendredi 7 décembre 2018. Un moment de grande émotion pour tous les proches.

Le père Thierry Becker était présent à Tibhirine le soir de l´enlèvement des moines en mars 1996. Soeur Danielle était proche de Mgr Claverie, l´évêque d´Oran assassiné en août de la même année. Regards croisés sur la période de la décennie noire qui a fait 150 000 victimes en Algérie et le témoignage qu´ont donné les 19 martyrs au prix de leur vie, par fidélité au Christ et à l´amitié qui les liait aux Algériens.

Mgr Jean-Paul Vesco, actuel évêque d´Oran, revient sur l´importance de ces béatifications pour l´Eglise en Algérie. C´est la confirmation selon lui, du choix de vie et du mode de témoignage de l´Evangile des 19 martyrs qui ont donné leur vie par amour pour Dieu et pour les Algériens. Cette première béatification dans un pays musulman est un grand évènement qui rend visible ce qui au quotidien se vit dans le respect et l´humilité.

A quelques heures de la béatification des 19 martyrs d´Algérie, les préparatifs mobilisent de nombreux volontaires au centre Pierre Claverie autour de la cathédrale et de l´évêché d´Oran. C´est le lieu où se rassemble la petite communauté catholique de la ville, mais aussi là où sont accueillies plusieurs activités pour les femmes algériennes, les enfants et les étudiants. C´est ici que Mgr Pierre Claverie a été tué en août 1996.

Ce dimanche, les patriarches des Eglises orientales catholiques et orthodoxes sont chacun repartis dans leur pays, enrichis d'une rencontre qui aura marqué les esprits. C'est l'heure d'un premier bilan pour la cardinal Kurt Koch. Le président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens se veut à la fois "optimiste et réaliste" quant à la situation dans la région. C'est la "réponse du chrétien que de rester dans l'espérance". A la suite du Pape François, il dénonce "les intérêts politiques et économiques" particuliers qui nuisent à l'intérêt véritable du Moyen-Orient. Le cardinal suisse rappelle également la nature profondément oecuménique du Moyen-Orient. Pour lui, la recherche de la paix nécessite donc une réponse oecuménique des différentes Eglises. Il appelle ainsi de ses voeux une nouvelle rencontre commune de prière en faveur de la paix.

Au lendemain de la journée de prière et de réflexion pour la paix au Moyen-Orient, Mgr Emmanuel Adamakis rappelle toute l'importance du témoignage des chrétiens d'Orient sur leur terre, par leur simple présence. "Ils sont chez eux, ce ne sont pas des étrangers, ni des réfugiés, ni des gens dont on tolère seulement la présence". Le métropolite orthodoxe grec de France se félicite aussi de la dimension oecuménique de la rencontre et évoque la présence de Bartholomée Ier de Constantinople, invité d'honneur du Pape François. Le "patriarche vert", tel qu'on le surnomme pour ses prises de positions en faveur de l'environnement, a dénoncé les conséquences non-négligeables des guerres sur la planète et a fait part de son désir de créer une "charte de l'environnement pour le Moyen-Orient et la Méditerranée".

Présent lors de la rencontre oecuménique de prière pour la paix au Moyen-Orient, voulue par le Pape François, à Bari, le Cardinal Bechara Raï s'est félicité de cet événement historique. Le patriarche des Maronites du Liban et de tout l'Orient a "mis sur la table" la question des réfugiés syriens qui, par leur nombre, ont déstabilisé l'équilibre de la société libanaise. Il exhorte la communauté internationale à les aider à rentrer chez eux, car il existe "de nombreuses zones sécurisées aujourd'hui". Le Cardinal Raï encourage aussi les chrétiens d'Orient à "résister" à la tentation du départ et à rester dans leur pays pour préserver "leur culture, leur histoire, leur identité".

La place devant la Basilique Saint-Nicolas, dans la vieille ville, et tout le long du littoral étaient noirs de monde, ce samedi, à Bari. Plus de 50.000 personnes ont suivi la visite du Pape François dans la capitale de la région des Pouilles, en Italie. En cette journée de prière et de réflexion pour la paix au Moyen-Orient, ils se sont unis à la prière du Saint-Père et des patriarches orientaux catholiques et orthodoxes. Cette unité pour la paix a marqué les esprits et touché les coeurs.

A la veille de la journée de prière et de réflexion pour la paix au Moyen-Orient voulue par le Pape François, les délégations des Eglises orientales catholiques et orthodoxes sont arrivées à Bari, dans le sud de l'Italie. Le père Giovanni Distante o.p., recteur de la Basilique Saint-Nicolas, s'en réjouit. Les reliques de saint Nicolas seront justement vénérées, ce samedi. "Autour de lui, nous nous retrouvons frères dans une même foi", estime le dominicain, qui fait aussi part de sa tristesse devant la situation au Moyen-Orient. Il souligne d'ailleurs l'importance de prier ensemble pour la paix : "Le sang des martyrs a-t-il une couleur différente en Orient et en Occident ?"