Pour son 22e voyage apostolique du 15 au 21 janvier 2018 le pape se rend pour la sixième fois en Amérique Latine, respectivement au Chili et au Pérou.
Très marqué par la culture européenne des colons, le Chili l’est aussi par son passé. Le nouveau président élu qui entrera en fonction en mars 2018, Sebastián Piñera, a dû affronter dans les urnes un nostalgique du régime du général Augusto Pinochet, l’ancien dictateur au pouvoir de 1973 à 1990. Refuge pour les pauvres, l’Église chilienne a beaucoup perdu de son aura avec le retour à la normalisation. Ébranlée par les scandales de pédophilie, elle est aussi accusée d’être du côté des riches et du pouvoir contre les pauvres et les minorités. Des activistes Mapuche, une nation indienne de 700 000 membres n’hésite pas à brûler des églises pour dénoncer l’expropriation de leurs terres.
Peuplé de 32 millions d’habitants, le Pérou, cœur de l’ancien empire inca, regroupe une importante minorité indienne et une autre métisse. La langue quechua, officiellement parlée avant l’arrivée des Espagnols rassemble toujours 3 à 4 millions de locuteurs. Depuis l'assassinat traîtreux de l’Inca Atahualpa par le conquistador Francisco Pizarro, il semble que le pouvoir n’a cessé d’être revendiqué par deux clans rivaux et irréconciliables. La tentative de destitution pour corruption du Président Pedro Pablo Kuczinski par Keiko Fujimori, la fille de l'ancien dictateur Alberto Fujimori, en est la dernière illustration. Très implantée localement l’Église a été particulièrement influencée par la théologie de la libération dont le père Gustavo Gutierrez est l'un des premiers théoriciens. Si l’Église donne encore l’impression d’être éloignée des problèmes concrets des populations locales, la venue d’un pape particulièrement sensible à la justice sociale, à l’écologie et aux minorités peut lui donner un nouveau souffle.