Nous pensons toujours que pour connaître Dieu, il faudrait être impeccable. Mais cela n´est pas vrai. Le chrétien n´est pas quelqu´un qui ne pèche pas, mais quelqu´un qui se sait pardonné. La contrition chrétienne nous fait reconnaître notre péché ; elle met la faute devant les yeux de notre coeur, mais la pose aussitôt devant les yeux de Dieu. Le sacrement de la confession nous apporte un pardon total, même des fautes oubliées. Et il faut croire à ce pardon. Le grand piège de Satan, c´est le désespoir ou le découragement, où il veut nous faire croire que nos fautes sont trop grandes pour être pardonnées, que nous ne sommes plus dignes d´amour.

S´interroger sur la Réconciliation et sur sa nécessité dans notre existence est loin d´être une démarche accessoire, car le pardon est un des éléments essentiels de l´amour. Et toute notre vie chrétienne est fondée sur l´amour. Dieu est le Miséricordieux ; Jésus est la Miséricorde incarnée. Notre péché est un des lieux majeurs où découvrir ce visage miséricordieux - pour peu que nous acceptions de convertir notre coeur, que nous acceptions d´être sauvés. Quand on ne voit plus le péché, quand on a peur d´identifier et de nommer le péché, c´est parce qu´on oublie que tous, nous sommes sous la main miséricordieuse d´un Père, dont le souci permanent est d´accorder son pardon et de réconcilier les hommes avec lui.

La messe ne peut être célébrée qu´avec du pain et du vin, puisque c´est avec eux que le Christ a institué l´Eucharistie. Les signes du pain et du vin signifient aussi la bonté de la création. Dès le commencement, l´Église a été fidèle à l´ordre du Seigneur de célébrer l´Eucharistie en mémoire de lui, et a célébré le dimanche, parce qui est le jour de la résurrection de Jésus. Le déroulement de la messe, évoqué par saint Justin le Martyr, vers 155, est resté le même jusqu´à nos jours. On en trouve la logique dès Emmaüs : chemin faisant, il leur explique les Écritures, puis se met à table avec eux, prend le pain, dit la bénédiction, le rompt et le leur donne.

La messe dominicale est « obligatoire » parce qu´elle est nécessaire ! Elle est nécessaire, comme un certain nombre de gestes, de paroles, d´attitudes sont nécessaires pour que l´amour existe entre deux êtres humains. Est-il nécessaire, par exemple, qu´un mari respecte son épouse, lui soit fidèle et lui parle régulièrement, s´il veut réellement l´aimer ? Bien sûr que oui... et par là-même, tout cela est « obligatoire » pour leur amour. Il en est de même pour l´Eucharistie, où le Christ nous invite à le retrouver au moins une fois par semaine pour forger une relation intime avec lui, pour nous apprendre à aimer son Père et tous nos frères et soeurs. Quand on participe vraiment à l´Eucharistie, avec conscience, nous savons bien que cela a un impact considérable sur notre vie... Et c´est peut-être de cela dont nous avons peur.

L´Eucharistie nous fait participer à ce que le Christ a dit : « Il n´y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». Pourquoi ? Parce que c´est précisément ce que Jésus a fait lors de sa Passion et de sa mort, et que c´est cela qui est rendu présent dans l´Eucharistie. Nous entrons dans cet amour, et nous sommes rendus un peu plus capables d´aimer comme le Christ. Le geste du lavement des pieds explique l´Eucharistie, la crucifixion de Jésus et toute la mission de Jésus. Il nous montre que la manière choisie par Dieu pour sauver le monde, c´est de se faire serviteur jusqu´au don de la vie de son Fils. Notre culte eucharistique doit faire croître en nous la conscience de la dignité de tout homme, devenir plus sensibles à toutes les souffrances et nous porter à les secourir.

Le premier fruit de l´Eucharistie est l´union intime avec Jésus. Mais par voie de conséquence, il y en a d´autres. L´Eucharistie renouvelle, fortifie, approfondit cette incorporation à l´Église déjà réalisée par le Baptême, nous constitue en Peuple de Dieu, signe de la présence du Christ au monde. L´Église devient ainsi elle aussi sacrement du Christ. L´Eucharistie est nécessaire pour la vie de l´Eglise ; elle l´est aussi pour notre foi et notre vie chrétienne personnelles. Elle joue pour notre âme le rôle que la nourriture matérielle joue pour notre corps.

Le summum de notre participation à ce mystère se fait bien sûr par la communion, au moment où nous recevons physiquement le Corps et le Sang du Christ dans l´hostie consacrée. Mais il est important de ne pas confondre participation à l´Eucharistie et communion, même si les deux sont liées. On peut parler de deux types de communion : la communion « physique » et la communion spirituelle. La première, quand nous recevons l´hostie, n´est vraiment fructueuse que si elle est aussi et d´abord une démarche spirituelle. On a toujours la possibilité de s´unir spirituellement en pensée à une messe et à une communion, quelque part dans le monde, et en recevoir les fruits suivant son degré de foi.

De quoi faisons-nous mémoire au cours de l´Eucharistie ? Et qu´est-ce que cela veut dire : « faire mémoire » ? En fait, nous allons le voir, cela veut dire que nous sommes rendus présents à ce que le Christ a fait et ne cesse de faire pour nous. Et on peut dire que toutes les actions et les paroles du Christ se regroupent en deux grandes catégories : l´action de grâce et louange de son Père ; et le don, le sacrifice de sa vie par amour pour nous. La messe nous rend présent à l´unique sacrifice que Jésus a fait une fois pour toutes il y a deux mille ans. En fait, à la messe, nous ne faisons que recevoir les fruits du sacrifice de Jésus.

Que veut dire « le Christ est vraiment présent dans l´Eucharistie » ? Lors de la consécration, miraculeusement, les substances du pain et du vin sont transformées en celle du Corps et du Sang de Jésus, tout en gardant les caractéristiques, les apparences du pain et du vin. Si Jésus est présent avec son Corps et son Sang dans le pain et le vin, cela veut dire qu´il y a, avec, tout ce qui est lié au corps et au sang d´un être humain vivant : son âme et sa personne. Et nous savons que cette âme est une âme humaine, et que cette personne est une personne divine.

Troisième sacrement de l´initiation chrétienne. Par le Baptême, nous devenons fils de Dieu ; par la Confirmation, nous sommes configurés plus profondément au Christ ; par l´Eucharistie, nous participons au sacrifice même du Seigneur sur la Croix. Grâce à Mgr Jean-Marie Le Vert, nous découvrons pourquoi ce sacrement est appelé « source et sommet de toute la vie chrétienne », et pourquoi l´Eucharistie est absolument nécessaire pour l´épanouissement de la vie chrétienne. En transformant le pain en son corps et le vin en son sang, en invitant ses disciples à les consommer, Jésus leur a permis de participer, de communier par avance, mais réellement, aux événements qui se sont déroulés les trois jours suivants, sa mort et sa Résurrection, et d´entrer ainsi dans le chemin de la délivrance et de la vie. A chaque Eucharistie, c´est comme si nous étions transportés, nous aussi, par-delà l´espace et le temps, au pied de la Croix et devant le tombeau vide du Ressuscité.